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Azilis présida aux derniers préparatifs du dîner. Pour contredire d’avance son frère aîné qui lui reprochait de ne pas savoir tenir une maison, elle veilla à ce que la table fût bien disposée, à ce que chaque console fût couverte de sa corbeille de fruits, de pain et de fromages.

Ce fut elle qui appela les convives. Appius, déjà installé sur son lit, observait un serviteur qui tirait du vin d’un barillet pour le verser dans une petite amphore gainée de paille. Aneurin arriva le premier, lavé et rasé. Il avait revêtu une tunique claire qui avait appartenu à Ninian. Ses bracelets contrastaient avec la simplicité de cette tenue romaine. Azilis remarqua qu’il avait gardé avec lui sa harpe et sa longue épée. La politesse l’obligeait à ne pas porter d’arme à table aussi la posa-t-il sous la galerie.

Marcus les rejoignit et, d’un claquement de doigts, commanda les entrées : poissons marinés, ablettes pêchées par les esclaves de la ferme, charcuteries et asperges.

La conversation fut d’abord empesée. Puis, le vin aidant, les langues se délièrent. On parla du terme de Sabina, de chasse et, bien sûr, du voyage d’Aneurin. Marcus cessa alors d’écouter.

Le chant d’un rossignol s’éleva dans la nuit tombante. Un esclave alluma les chandelles de cire sur de hauts candélabres de bronze et des lampes à huile disposées sur la table. Leurs flammes dansantes se reflétèrent sur les gobelets en verre bleuté, les coupes en agate, les plats en argent sculpté. La brise enveloppait les convives du parfum du chèvrefeuille.

Appius fit rapprocher son lit de la table, signe que la conversation commençait à l’intéresser. Il leva la main pour demander le silence :

— Raconte-nous Constantinople, Aneurin.

Aneurin contempla un instant la nuit comme s’il rassemblait ses souvenirs.

— Que vous dirai-je ? Imaginez une cité immense sur les rives d’une mer turquoise. Imaginez une ville splendide, fastueuse, colorée ! Le cirque est grandiose. Des milliers de spectateurs y assistent aux courses de chevaux qui opposent les Bleus aux Verts. Imaginez sept théâtres, cent quinze thermes, quatorze églises et quatorze palais réunis en une seule cité ! Des hommes de tous pays arpentent les rues : Syriens, Illyriens, Goths ou Africains… La misère y côtoie l’opulence. Un jardinier du palais m’a parlé d’arbres aux feuilles martelées d’or…

Un silence rêveur suivit ces mots qui avaient transporté l’assemblée dans un ailleurs lointain et prodigieux où battait le cœur du monde civilisé. Aneurin sourit à Azilis. Il demanda un gobelet de vin à Nonnia, le vida sans reprendre la parole.

— J’ai revu le troupeau d’aurochs près des champs de blé, lança Marcus qui désirait changer de sujet. Il faudra s’en occuper si on ne veut pas qu’ils abîment les récoltes. Et j’ai invité Lucius Arvatenus, ajouta-t-il en jetant à sa sœur un regard appuyé. Il m’a chargé de te transmettre ses hommages, Azilis.

— Comment t’es-tu procuré de quoi vivre ? questionna Appius, sans prêter attention aux paroles de son fils.

La présence d’Aneurin le faisait voyager et le distrayait pour un temps de ses tristes obsessions.

— Comme ceci, mon oncle.

Aneurin prit sa harpe, recula son siège, cala l’instrument contre sa clavicule puis égrena quelques accords. Le repas s’interrompit comme par enchantement. Les esclaves firent cercle autour de la table. Accompagnée par le chant des grillons, de la fontaine et, plus loin, des grenouilles, la harpe devint le foyer d’un clan humain des temps anciens, perdu dans la nuit, dont les longs doigts du voyageur figuraient les flammes crépitantes. D’une voix profonde et chaude, Aneurin chanta une ballade qui avait dû souvent lui servir à payer son écot pendant son voyage.

— Comme c’est beau, murmura Sabina.

Le jeune homme la remercia d’un sourire puis plongea son regard noir dans les yeux de sa cousine. Azilis s’aperçut qu’elle tremblait. Elle but pour se donner une contenance.

Marcus, qui était resté de glace, lança aux esclaves :

— Apportez le pain et le fromage arverne.

Seul, il poursuivit son repas avec acharnement. Le reste des convives écoutait Aneurin accompagner une servante qui chantait une ballade d’Armorique.

 

* * *

 

Quand la conversation reprit, elle glissa sur une pente dangereuse.

— Dans quel état as-tu trouvé les routes, en Gaule ? interrogea Appius.

— Les routes sont encore en bon état, admit Aneurin. Ce n’est pas cela qui m’a choqué mais plutôt le déclin des villes, l’abandon de nombreux villages ruinés par le brigandage, et, partout, l’appauvrissement des paysans au profit de quelques puissants de plus en plus riches.

— Ils ont la chance qu’on leur procure travail et protection ! s’exclama Marcus, piqué au vif. Et ils peuvent s’estimer heureux que la Gaule soit en paix ! Depuis qu’Ambrosius Aurelianus et Syagrius[14] se sont alliés pour vaincre les Goths et les Francs, nous ne sommes plus inquiétés par les barbares.

— Jusqu’à quand ? L’empereur romain Romulus Augustule a été déposé par le roi des Ostrogoths il n’y a pas un an, remarqua sèchement Aneurin.

— Mais celui-ci s’est aussitôt soumis à l’autorité de Constantinople ! intervint Appius.

— Parce que tu crois vraiment à cette mascarade ! s’enflamma le barde. Vous ne voyez pas que le monde est dorénavant aux mains des barbares ? La Gaule est cernée de toutes parts ! Qui se jettera en premier sur le petit territoire de Syagrius ? Tous attendent de le dévorer !

Azilis ne pouvait détacher les yeux de son visage mince et mobile. Une énergie intense dévorait le jeune homme, brûlait dans son regard – un regard de fou ou de prophète. Sa voix vibrait avec une fougue qui faisait frissonner la jeune fille.

— Tu verras, Appius, poursuivait Aneurin, impitoyable. Un jour cette villa brûlera comme tant d’autres ! Tes livres partiront en fumée, et avec eux tout ce que tu es !

— Les bibliothèques sont faites pour brûler, répondit philosophiquement le vieil homme. « Fugit irreparabile tempus[15]. » Du vin !

Son regard s’anima. Il se trouvait à ce moment de la soirée où l’alcool lui rendait provisoirement cette rude énergie qu’il avait possédée autrefois. Instant magique et éphémère.

— Oublie ta peine, mon neveu. N’était-ce pas le but de ce long voyage ? À présent demeure près de nous et fonde une famille.

— Non, Appius ! Je ne suis pas revenu pour me marier et couler des jours tranquilles.

L’inquiétude gagnait Azilis. Elle voyait Marcus mastiquer rageusement sans quitter Aneurin du regard. Bientôt, elle le savait, son père sombrerait dans l’ivresse : plus personne ne s’interposerait entre son cousin et son demi-frère.

Aneurin se leva. Il fit lentement le tour de la table, parlant d’une voix basse, arrêtant son regard enflammé sur chacun des convives.

— Mes voyages n’ont pas tué mon passé. Au contraire. Ils m’ont apporté l’instrument de ma vengeance.

Il fit trois pas vers la galerie et disparut dans l’ombre.

Azilis frissonna. D’où les bardes tenaient-ils le pouvoir de captiver leur auditoire ? À la vue de cette tablée pétrifiée, elle comprit pourquoi le départ d’Aneurin, jadis, avait laissé un tel vide.

Il revint dans la lueur tremblante des chandelles. Un éclair bleu chatoya devant lui, fit siffler l’air. Il avait pris son épée. Il en caressa doucement le fil de sa main gauche. Gravées dans une poignée en or et un pommeau incrusté de grenats, les arabesques dorées du fer parurent s’animer lorsqu’il posa l’épée sur la table, repoussant gobelets, coupelles et reliefs de sanglier. La lame aux reflets bleutés attirait irrésistiblement les regards.

— Kaledvour, murmura-t-il en breton, la tranchante, la lumineuse, capable de fendre le plus dur des aciers.

— Magnifique, en effet ! réagit Marcus. Mais qu’est-ce que tu comptes faire ? Repartir en Bretagne pour retrouver les Saxons qui ont tué les tiens ? Après toutes ces années ? Tu espères les massacrer ? Toi ? Un barde !

Marcus avait adopté l’intonation ironique et le sourire suffisant qu’il arborait si souvent. Les deux hommes se fixèrent en silence. Aneurin luttait clairement pour maîtriser sa colère. Il prit du vin et but lentement, sans lâcher Marcus du regard, jusqu’à ce que celui-ci détournât les yeux.

La voix du barde s’éleva alors, basse, vibrante.

— Un soir, dans une taverne, un homme a pleuré en écoutant ma harpe. Je l’ai suivi chez lui. C’était un exilé comme moi. Il comprenait mes chants sans même parler ma langue. Il venait d’Orient. Il était riche. Il m’a hébergé et payé pour que je lui enseigne la musique. Nous avons partagé nos souvenirs et nos peines. Un jour, il a forgé Kaledvour à mon intention. Alors j’ai entamé le voyage du retour.

— Au moins tu n’es pas revenu les mains vides, remarqua Marcus qui avança la main pour saisir l’épée.

Mais il interrompit son geste car Aneurin avait repris :

— Le forgeron était aussi magicien. Cette épée est ensorcelée. Et je possède son secret.

— La magie ! grimaça Marcus. On en arrive toujours là avec vous autres Bretons.

Un silence suivit. Azilis fixait le visage d’Aneurin où jouaient toujours les flammes fantasques des chandelles. Son regard brillait, exalté, fiévreux. Brusquement, elle douta. Une épée magique ? Il avait vécu tant d’épreuves : aurait-il perdu l’esprit ?

— Si je suis revenu, continua Aneurin, c’est pour offrir cette épée à Ambrosius…

Azilis crut soudain voir Kaledvour se rapprocher de ses yeux, l’attirant du même coup vers elle. Saisie d’un vertige, elle s’agrippa à la table. Elle ferma les paupières et respira largement, le cœur battant. Oui, il y avait chez Aneurin un pouvoir inquiétant et une lueur de démence. Mais également une force plus mystérieuse qui ravalait maison, jardin et personnes au rang de fantômes. Une force qui ne lui appartenait pas, qui le dépassait et l’emportait.

— … Pour armer ses guerriers, et chasser les Saxons de Bretagne. Pas pour fonder une famille dans un monde en ruine. Comme tu vois, Marcus, mon projet est plus ambitieux qu’une simple vengeance.

— Armer ses guerriers ? répéta Appius d’une voix ensommeillée. Avec une seule épée ?

— J’ai dit que je connaissais son secret. Nous lui fabriquerons des sœurs.

— Si Ambrosius disposait de telles armes, il aurait un avantage certain ! interrompit Appius. Dans ses lettres, Caius nous dit que les Saxons arrivent plus nombreux chaque automne, que chaque printemps voit éclore de nouvelles batailles. Aujourd’hui, peut-être mon fils est-il mort pour une cause qu’il a choisi de défendre par amour pour sa mère et, je crois, par amitié pour toi. C’est un choix dont il peut être fier. Je serais fier moi aussi si je pouvais lutter contre ces barbares.

Azilis se leva, incapable de résister plus longtemps à sa curiosité.

— Puis-je voir l’épée, Aneurin ?

Il parut surpris mais lui tendit Kaledvour en silence. Elle le remercia d’un sourire et la tint devant elle.

L’arme était si longue que le pommeau arrivait à ses seins. Azilis la souleva, appréciant son tranchant étincelant. Ce qu’elle éprouvait allait au-delà de l’admiration. Une intense énergie émanait de l’épée et se communiquait à son cœur, l’invitant à un respect mêlé de crainte. Cette arme possédait une puissance surnaturelle. Azilis ne dit rien de ce qu’elle ressentait. Elle se contenta de déclarer :

— Son tranchant est vraiment remarquable. La lame doit être d’une dureté exceptionnelle pour être affûtée à ce point ! Et pourtant elle n’est pas lourde.

— C’est que ma petite sœur s’y connaît ! lança Marcus en tendant la main.

— Elle pourrait faire saigner le vent, répondit Aneurin qui, négligeant Marcus, se saisit de l’épée.

D’un geste rapide il faucha une des chandelles qui se trouvaient près de lui. Sabina poussa un cri de frayeur quand le bâton de cire heurta la mosaïque. Azilis ramassa la chandelle. Elle brûlait encore.

— La coupure est parfaitement nette !

Son cousin eut un sourire carnassier. Il éleva l’arme, fit jouer le reflet des flammes sur l’acier.

— Elle peut transpercer le plus épais des boucliers, trancher une cotte de mailles, fendre un homme en deux.

— Tu l’as vu faire ça ?

— J’ai dû l’utiliser en route. Trop souvent, hélas. Rien ne lui résiste. Pourtant, comme le rappelait Marcus, je ne suis qu’un barde et non un guerrier.

Azilis lui reprit l’épée des mains et l’apporta à son père. Elle enrageait contre son frère, contre ses idées étroites qui se limitaient à l’argent, à l’apparence et aux plaisirs futiles. Et ce rictus suffisant qu’il arborait depuis le début de la soirée !

— Papa, je suis sûre que tu n’as jamais vu pareille épée !

Appius fit un signe et Gedemo, son vieux secrétaire, l’aida à s’asseoir sur sa couche. Il examina l’arme en silence puis la remit au barde.

— Ta as raison, Aneurin, c’est une épée extraordinaire.

 

* * *

 

Appius demeura silencieux un moment, scrutant le visage du jeune homme. Il avait oublié à quel point, malgré ses cheveux noirs, Aneurin ressemblait à Olwen. Oui, bien plus que ses propres enfants. Tout à coup il retrouvait les yeux de jais de son épouse, ses pommettes saillantes et ce sourire radieux d’un charme irrésistible. Il détourna le regard et demanda d’un geste qu’on remplisse son gobelet.

— C’est un noble projet que tu as là, déclara-t-il enfin. Dis-moi ce que je peux faire pour t’aider.

Marcus éclata :

— Un noble projet ! Vraiment ! Un projet insensé, oui, un projet ridicule ! Ne me dis pas que tu prends au sérieux les affabulations de ce harpiste ! Ou c’est le vin, papa, qui…

— Comment oses-tu t’adresser à notre père de la sorte ! explosa à son tour Azilis. Et insulter ainsi mon cousin ? D’ailleurs comment peux-tu juger de ce qui est noble et valeureux ? Parle d’argent ou de putains mais ne parle pas d’honneur, tu ignores ce que c’est !

— Petite harpie !

Il bondit pour la gifler. Elle se réfugia prestement derrière la couche de son père.

— C’est ça, Marcus, frappe-moi, le nargua-t-elle. On sait que tu as la main leste avec les femmes et les esclaves ! Fais attention ! Je peux me défendre, moi !

Il se précipita mais Aneurin s’interposa. Leurs regards s’affrontèrent de nouveau, et une fois encore, Marcus céda.

— Assez, Azilis ! tonna Appius. Je t’interdis d’insulter ton frère ! Et toi, Marcus, montre du respect envers ton père et ton hôte, tu n’en seras que plus respecté toi-même.

Marcus se rassit, livide, pendant qu’Azilis rejoignait sa place d’un pas tranquille. Leur père, le souffle court, essuya la sueur qui perlait sur son front.

— Parle, mon neveu. Quelle aide puis-je te fournir ?

— Je souhaite peu de choses et j’espère te les rendre un jour au centuple. D’abord accorde-moi quelque temps ton hospitalité. J’ai besoin de repos.

— Tu es ici chez toi, tu le sais, et tu peux y demeurer tant qu’il te plaira.

— J’ai aussi besoin d’argent pour payer ma traversée.

— Tu auras largement de quoi couvrir ces dépenses.

— Enfin, si je pouvais disposer de chevaux et d’un serviteur capable de se battre à mes côtés…

Appius opina et finit son vin. Puis, s’essuyant la bouche, il continua l’œil mi-clos, la voix pâteuse :

— Cela aussi tu l’auras. Maintenant, Aneurin, parle-moi encore de Constantinople, chante-moi les merveilles de l’Empire d’Orient, dis-moi qu’il existe en ce monde un lieu de beauté et de culture que les barbares n’ont pas souillé.

— Pardonnez-moi de ne pas assister au spectacle, interrompit sèchement Marcus. Il est tard et demain j’ai à faire. De plus, Sabina est fatiguée.

Appius les salua d’un geste vague. Aneurin rangea l’épée dans son fourreau. Il s’assit tout près du maître des lieux et commença à parler, regardant parfois Appius avec pitié.

L'épée de la liberté
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